Chroniques z'éparpillées !
Re voici un petit post sur les dernières (chouettes) chroniques pour "Fadoli" et "Et après ?"
Fadoli :
La littérature jeunesse de Judith et Sophie :
"C'est l'histoire de celui que l'on dit fou, que l'on nomme Fadoli. C'est sa vie, dans un imaginaire peuplé d'animaux, où chaque instant est vécu pleinement. Peu importe ce qui arrive, la solution, il n'y en a qu'une, c'est le rire...
Je tenais à vous parler de cet album mais ça s'annonce bien difficile. J'ai d'abord craqué sur les illustrations si fines : de grandes planches de dessins et de peinture dans un univers onirique où tout passe de minuscule à grandiose selon les angles de vue. Rien n'y est logique, tout est en décalage par rapport à notre réalité et pourtant c'est celle de ce personnage.
Le texte est très court, trois phrases découpées de page en page, presque du mot à mot, comme pour les apprécier chacun à leur juste valeur.
Je ne peux que vous inviter à découvrir ce magnifique album, à lui donner le sens que vous voudrez y trouver. Moi je n'ai pas vu de fou dans cette histoire, j'ai vu un personnage aux sens décuplés capable de profiter de chaque seconde de la vie en y trouvant le meilleur."
"Quel étrange personnage que ce Fadoli. Blondinet aux pieds nus, on le dit touché par les fées. On l'appelle aussi "fada du village". Il évolue les pieds nus, le regard perdu dans son monde ultra habité. Des animaux de toutes sortes y foisonnent. Tout petits hippopotames s'y retrouvent nez à nez avec des escargots, des fourmis, aux formes crayonnées très réalistes. Mammouth, grenouille, girafe à la tête à l'envers, raton laveur, oiseaux de toute sortes, ornithorynque aussi. Il marche sur le fil de la vie Fadoli. Il connaît tout des animaux, son univers, c'est un dictionnaire non raisonné d'histoire naturelle. Et à tous, il ajoute des ailes, pour passer par dessus les montagnes, s'enfoncer dans la terre, faire montagne russe et flotter, sur un bateau qui ferait naufrage, son arche avec lui. Mais pas ses pleurs, non. Il le fait peut-être bêtement, Fadoli, mais tout le temps il rit. Un album saisissant, graphiquement exceptionnel et envoûtant autour de la déficience mentale, douce folie. "
La bibliothèque départementale du Doubs :
"D’aucun dirait qu’il est l’idiot du village, on dit aussi qu’il a été « touché par les fées ». « Les yeux dans les étoiles les pieds sur un nuage ». Son univers est peuplé d’animaux, leur compagnie semble lui tenir lieu de grand Tout, comme une arche imaginaire salvatrice. Et si d’aventure son « bateau fait naufrage », c’est le rire, large et franc, qui vient à la rescousse.
Et après? serait donc un simple travelling avec vue sur des animaux? Non, il me semble que ça va un peu plus loin que ça: c'est le cours de la vie qui est écrit là, et il me semble que le coquelicot en témoigne. Le temps est quelque peu bizarre, cela dit, puisqu'il ne semble pas avoir le même effet sur les animaux que sur les végétaux. Est-ce une manière de dire qu'il est relatif? Sans doute.
J'aime cet album, parce qu'il nous donne une lecture assez peu commune mais néanmoins très compréhensible - preuve s'il en est que le travail de l'illustratrice est réussi. Ajouter du texte n'aurait pas nécessairement été pertinent - seules quelques onomatopées sont là, comme le dernier cri du ver de terre lorsqu'il voit la mort approcher.
Et après? C'est un chouette album!"
La voici seule aux manettes de cet alboume intitulé Et après, comme une invitation à tourner les pages pour creuser le sujet - et tu vas voir la finesse du choix du verbe. Tout commence avec cette aigrette qui virevolte.
Au fil des images, l'aigrette s'approche, va bien finir par toucher le sol, pendant que pousse le coquelicot, seule tache de couleur avec l'oiseau. Mais le coquelicot va faner, pendant que les renardeaux grandissent entre terrier et grand air. Et dans la terre, alors, là, c'est un festival de vie ! Renards, taupes, vers, lapins, racines, insectes, crapaud, trésors, bouteille à la terre, pour finir par retrouver l'aigrette de pissenlit. Il y a même des petits animaux rigolos et non identifiés... La vie souterraine gagne peu à peu l'image et on furète jusqu'à plus soif dans les innombrables détails. On suit une bestiole de page en page avant de revenir en arrière parce qu'il y a d'autres histoires parallèles - jusqu'à la quatrième de couverture.
Mathilde Magnan a l'oeil. Que dis-je, l'oeil ? L'oeil et le crayon pour nous offrir des bestioles anatomiquement parfaites, dignes des plus illustres dessinateurs animaliers. Avec cependant, et c'est ce que j'aime, lorsqu'on s'y penche de plus près, un je-ne-sais-quoi dans l'oeil assez proche de l'étonnement d'être là. Au-delà du talent de la dessinatrice, au-delà du trait impeccable qui provoque l'admiration, c'est la malice de Mathilde Magnan qui fait mouche à chaque fois."